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Externalisation des métiers bancaires : où en est-on en France aujourd’hui ?

Le 18 février dernier Guillaume Almeras, rédacteur du blog Score Advisor, est intervenu lors de notre conférence-débat avec Darren McKnight (Ulster Bank) sur le thème Transformation Numérique de la Banque : Externalisations et Compétences. Il nous livre ici ses réflexions sur l’externalisation dans le secteur bancaire.

 

En 2015, le nouveau patron de Deutsche Bank, John Cryan, constatait à son arrivée que l’établissement disposait d’une « informatique complètement dépassée » et, pire encore, que la gestion externalisée de 80% des 7 000 applications du Groupe s’était soldée par une perte quasi-totale de compétences internes. Dans ces conditions, John Cryan décidait de réaliser une économie d’1 milliard € en ne reconduisant pas les contrats de 6 000 de ses… 30 000 prestataires externes. Cela sonne-t-il le glas des grands contrats d’externalisation ? En France, il y a cinq ans, beaucoup attendaient une large vague d’externalisation d’activités dans les banques, commandée par la crise mais qui n’est finalement pas venue.

Au sein des banques françaises, l’infogérance s’est beaucoup développée au cours des années 2000 : 80% des banques françaises y ont désormais recours mais aucune sous la forme d’un service informatique global. En termes de BPO, quoique le phénomène demeure très mesuré, les banques françaises délocalisent de plus en plus certaines activités, généralement au sein de filiales. Cela peut laisser croire que l’outsourcing bancaire français reste peu actif mais une telle estimation serait faussée.

L’externalisation ne doit pas être immédiatement assimilée à la délocalisation d’activités ou au transfert de personnels. Elle s’inscrit plutôt au bout d’une dynamique interne de rationalisation des tâches et des coûts. En ce sens, centres de services partagés (les banques françaises les ont multipliés ces dernières années) et externalisation représentent en général moins des options concurrentes que des étapes successives. En ce sens, également, l’externalisation concerne d’abord les services pour lesquels des prestataires extérieurs peuvent le plus facilement être trouvés. L’offre de services externalisés crée plus facilement la demande que le contraire et c’est pour ne pas l’apercevoir qu’on prête souvent aux entreprises une attitude attentiste vis-à-vis de l’externalisation.

En France, le BPO bancaire est aujourd’hui particulièrement marqué :

  • par le fait qu’il tente d’éviter des surcoûts, liés notamment aux évolutions d’une réglementation de plus en plus exigeante ou de réglementations particulières, plutôt que de réduire des coûts existants ;
  • par le fait que les banques jouent de plus en plus un rôle d’outsourceur vis-à-vis d’autres banques, tandis que sont également apparus de nouveaux clients : établissements de paiement, startups fintech. Parmi les banques françaises, le Crédit Mutuel Arkea a notamment choisi de faire de la gestion de services financiers sous marque blanche un axe fort de sa stratégie de développement. Il en tire désormais 25% de ses revenus.

Dans de tels cas de figure, l’externalisation est fonction d’effets de taille, au vu desquels il peut revenir pratiquement au même, pour amortir des SI onéreux, d’externaliser la gestion ou de proposer à d’autres établissements de gérer leurs contrats. De tels partenariats, qui se multiplient depuis quelques années, amènent à distinguer nettement la production d’offres et de services et leur distribution. On parle de « déverticalisation » du marché bancaire et c’est une tendance forte du BPO bancaire aujourd’hui en France. Après les opérations sur Titres, elle gagne les moyens de paiement, ainsi que le back office des activités de gestion de fortune et de banque privée.

Par ailleurs, comme le montre l’externalisation de l’Asset Servicing, des moyens de paiement ou de la gestion des crédits, l’outsourcing des tâches de traitement vise aujourd’hui une démultiplication des offres aux clients finaux.

Dans ce contexte, les banques peuvent même devenir des prestataires de services externalisés auprès d’une large clientèle d’entreprises, avec la tendance actuelle à l’élargissement de la gamme de services proposés à ces dernières ; vis à vis desquelles les banques veulent se positionner de plus en plus comme des partenaires. Les plateformes de facturation et les Global Payment Hubs peuvent particulièrement être cités, à l’adresse des grandes entreprises. Mais TPE et PME sont également de plus en plus concernées.

Enfin, l’heure est également de plus en plus au KPO (Knowledge Process Outsourcing), qu’il s’agisse des tâches de recherche pour le Private Banking et l’Asset Management ou des fonctions commerciales dans la banque de détail, avec l’externalisation du scoring des demandes de crédit et des campagnes marketing. Des solutions automatisées nouvelles, parfois robotisées, se développent en effet dans ces deux domaines avec l’analyse massive de données ou Big Data. Les acteurs sont essentiellement des startups, croissant très rapidement en taille, comme Yodlee. Cela montre que, loin d’être prioritairement guidé par la baisse des coûts, le BPO permet d’abord le re-engineering et l’enrichissement de process clés. En ce sens, l’externalisation correspond d’abord à l’acquisition, à l’internalisation de nouvelles compétences. Or, à cet égard des solutions d’externalisation peuvent rapidement se mettre en place dès lors que des prestataires intéressants apparaissent.

Plus que vers des fonctions support ou accessoires, l’externalisation s’oriente prioritairement vers des activités requérant des investissements et des compétences précises. Loin de fournir uniquement l’occasion de se délester de tâches à faible valeur ajoutée, elle vise l’acquisition de moyens et de compétences spécialisées, dans des conditions avantageuses.

On affirme très souvent que le principal objectif de l’externalisation est de permettre aux entreprises de se concentrer sur des activités à valeur ajoutée ou, en d’autres termes, de se délester de fonctions ou métiers accessoires. Cette affirmation est largement erronée et représente une fausse piste : c’est toujours la possibilité de bénéficier d’une productivité supérieure et donc de baisser ses coûts à niveau de qualité égal ou supérieur qui fournit une opportunité d’externalisation, que l’activité soit jugée centrale ou accessoire.

Guillaume ALMERAS, Score Advisor

Stratégie RSE : l’achat à impact social

Quand le sourcing des services devient durable et responsable

 

Mode d’emploi

 

Le 10 mars 2016, l’EOA France organise un atelier sur l’Impact Sourcing destiné aux responsables financiers, informatiques, relations humaines, achats, responsabilité sociétale des entreprises ainsi qu’aux entrepreneurs sociaux : Impact Sourcing & RSE 2016.

Recourir à l’Impact Sourcing, c’est ajouter au sourcing classique des services la dimension qui lui manque : le levier sociétal. Il est avéré que tout emploi stable offert à un jeune chômeur a des retombées positives sur trois personnes de sa communauté. Ainsi, une politique adaptée du recrutement et de la gestion du personnel assurera en retour une réduction drastique du turnover, une montée réelle de la qualité et à terme la transformation des processus. Explication.

 

Qu’est-ce que l’Impact Sourcing ?

 

La Rockefeller Foundation nous en donne la définition : “Impact sourcing is an inclusive employment practice through which companies intentionally connect high-potential, disadvantaged youth to available jobs.”

L’Impact Sourcing est donc une démarche, souvent de services informatiques ou de traitements administratifs mais aussi en R&D et dans d’autres métiers, qui propose la même qualité et les mêmes tarifs compétitifs que les prestataires classiques.  Mais il y a une grande différence par rapport au sourcing traditionnel : l’Impact Sourcing fait appel à une main d’œuvre jeune, issue de milieux défavorisés ou en situation de handicap.

En outre, les prestataires qui suivent cette démarche s’engagent à respecter une charte de responsabilité sociétale d’entreprise.

Les entreprises et organismes publics qui recourent à l’Impact Sourcing en tirent un double bénéfice : un service de qualité au meilleur prix, et la participation à un projet éthique et valorisant, inscrit dans le cadre de la RSE.

 

Comment est né l’Impact Sourcing ?

 

L’impact Sourcing est le mariage entre l’économie marchande et l’économie d’entraide. Il provient de la rencontre de deux besoins.

D’une part, le besoin de développement économique. En effet, les pays en développement demandent une création d’emplois plus rapide que leur croissance démographique.

D’autre part, le besoin de corriger certaines dérives du système. Ainsi, le 24 avril 2013, l’effondrement d’un immeuble de confection textile à Dacca (Bengladesh) a montré que la sous-traitance industrielle se transformait vite en une exploitation indigne et dangereuse.

De même, le programme Digital Jobs Africa initié en 2013 par la Rockefeller Foundation est une démonstration que l’Impact Sourcing peut créer des emplois pour les jeunes défavorisés dans 6 pays d’Afrique.

 

L’opportunité pour les entreprises et les communautés, en France aussi

 

Le concept d’Impact Sourcing s’applique partout où il y a un problème d’employabilité des jeunes, en Afrique comme en France. Toutes les parties prenantes doivent absolument prendre conscience qu’il existe des solutions pour identifier, motiver, former rapidement ces jeunes et les mettre en situation de trouver un emploi grâce à des entreprises, des associations et des fondations.

C’est dans cet esprit que le 10 mars 2016, Ashoka France, l’Association Régionale des Missions Locales d’Ile-de-FranceCCLD Recrutement, Clavesis, La Cravate SolidaireHandiréseauMozaïk RHNes et Cité, OPULUS, le groupe SOSSystemGIETeleperformance et d’autres experts participent à notre atelier-conférence “Impact Sourcing & RSE 2016” pour   démontrer qu’il est possible de réussir un projet d’Impact  Sourcing en France sous au moins trois formes :

  1. Impact Sourcing interne : Recruter dans l’entreprise des jeunes de milieux défavorisés et/ou des handicapés
  2. Impact Sourcing externe : Acheter les services de prestataires Impact Sourcing. Ces prestataires emploient jeunes de milieux défavorisés et/ou des handicapés
  3. Prestataire Impact Sourcing : Créer ou transformer son entreprise pour devenir un prestataire de services avec une charte/label/certification Impact Sourcing employant des jeunes de milieux défavorisés et/ou des handicapés.

 

L’atelier-débat apportera des réponses concrètes et opérationnelles quant aux questions que se posent légitimement les responsables en France sur l’Impact Sourcing et sur la cohérence avec leur politique de RSE. Au travers d’échanges et de retours d’expériences, les participants auront accès à des experts et des organismes qui sont à même de les aider à mettre en oeuvre une stratégie d’Impact Sourcing en 2016.

Nous vous invitons à rejoindre le mouvement Impact Sourcing dès à présent et télécharger votre exemplaire du Livre Blanc « Impact Sourcing & RSE 2016«  !